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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/10

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soin d’aller se montrer aux Tuileries, la lame de l’épée battant le molet. Comme il ne sait pas encore marcher, il reçoit deux cents coups de coude qui lui font faire autant de pirouettes.

Voulez-vous jouir ? menez-le à l’opéra sans qu’il s’en doute. La voiture dorée s’offre ; à peine osera-t-il y monter : examinez son visage avant que la toile soit levée : comme il est émerveillé de la confusion d’âges, d’états, de figures ! Observez-le encore quand la toile est levée : il laisse échapper une exclamation qui fait rire ses voisins ; les yeux ouverts, la bouche béante, il n’entend pas un mot de ce qu’on chante ; mais il est stupéfait, avide, & la diversité des tableaux le plonge dans une forte d’ivresse.

À la sortie du spectacle il se perdra, ou bien il donnera dans les flambeaux des laquais, & son habit sera couvert de cire.

Rentré à la maison, il s’agira le lendemain de se promener à cheval. On lui amene la bête la plus douce ; à peine est-il en selle qu’il