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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/116

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en carrosse passe la tête par la portiere pour lire aussi son sort, & tout riche qu’il est, on voit qu’il se renfonce avec humeur. Toutefois il jure entre ses dents de doubler & de tripler la mise jusqu’à ce que son numéro sorte. Il rentre chez lui en grondant, & refuse le moindre secours à l’indigence qui vient l’implorer, parce qu’il faut qu’il place encore de l’argent à la loterie.

Il y a tel numéro qui pour le nourrir a plus coûté qu’il n’en auroit fallu pour la subsistance de cent familles pressées par le besoin.

Pauvre ! renonce à cette espérance illusoire. Laisse le riche courir ces chances hasardeuses ; lui seul à la longue y peut rencontrer quelqu’avantage.

Pauvre ! ton lot est dans ton travail, dans ton courage, dans ton économie. Et toi, riche, que te manque-t-il ? Le mérite des bonnes œuvres. Soulage cinq pauvres à chaque usage, & voilà le quine heureux qui fera entrer dans ton ame l’abondance des vraies satisfactions.