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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/169

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que. Ce n’est donc pas assez que la main du chirurgien sache opérer, il faut que son œil sache fortifier, consoler, encourager ; il faut que son cœur soit éloquent ; & s’il est vraiment sensible, il saura par quel charme on trompe l’infortuné, & comment on diminue pour lui les instans & l’horreur du sacrifice.

Ô qu’il est respectable l’homme qui réunit le courage & l’humanité, qui joint à une main, à la fois sûre & compatissante, une voix qui sait tempérer la dureté de l’action ! Il arrache les racines du mal presqu’à l’insu de la victime, & c’est au moment du salut qu’il mêle ses larmes aux siennes. Qu’il est différent de ces barbares qui, courbés sur des êtres vivans, croient tenir encore le scalpel insensible de l’anatomie, le promener sur des cadavres, & dont l’indifférence est encore plus horrible que les couteaux tranchans qui déchirent & mutilent !

Mais pour que le chirurgien parvienne à soulager doublement ses semblables, par quelles épreuves longues & multipliées faut-il