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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/171

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vement de l’œil l’ouvrage infect de la corruption ; commander à son visage au milieu de ces scenes d’horreurs, & savoir encore méditer quand tout lasse, fatigue, rebute & décourage : voilà les forces presque surnaturelles qui doivent appartenir au chirurgien.

Est-ce l’argent ? seroit-ce même la gloire qui pourroit acquitter de tels travaux ? Non : il n’y a que la conscience, que la satisfaction pure & intime d’avoir servi l’humanité, récompense peu familiere à la multitude, mais qui a un charme doux & profond pour qui sait la goûter. On a vu des hommes qui, toujours empressés, toujours compatissans, toujours infatigables, cherchoient les maux qu’ils pouvoient soulager, comme d’autres cherchent les plaisirs & les fêtes.

Dévoués à leurs semblables, ces hommes rares ne vivoient que pour leur art. Ils s’étudioient chaque jour à rendre leur main plus prompte, plus souple, plus légere ; à ravir un quart de minute à une opération