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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/184

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m’eussent justement détesté. Si dans le nombre de tes idées mesquines, viles & fausses, une seule eût germé dans ma tête, la guerre, la famine & l’étranger dévasteroient actuellement cet empire ; le sang couleroit pour favoriser une de ces sottes rêveries pour laquelle ta langue disputoit avec tant d’opiniâtreté. Dieu a eu pitié de moi & de mon peuple ; il m’a envoyé des conseillers sages, qui en me révélant ma foiblesse, m’ont appris mes véritables forces. Je dois à leurs maximes simples, lumineuses & amies de l’homme, la délivrance des stupides opinions qui alloient faire de moi un fou barbare. C’est par miracle que j’ai sauvé ma raison du naufrage ; & je frémis des maux dont, sans la Providence, j’allois être l’exécuteur & la victime. Retire-toi donc, pauvre imbécille ; va retrouver le village qui t’a vu naître ; acheves-y en paix cette végétation que l’on honore en toi du nom de vie ; ma clémence qui répugne à se figurer un méchant, te fait grace ; bois,