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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/189

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vérité dans le cœur ; mais l’aspect de ton trône & de ta puissance la repoussera. La vérité expirera sur les levres de l’homme le plus intrépide & le plus vertueux. Personne ne te la dira ; c’est à toi à la chercher : pleure !

On t’a déjà porté la décoration de la bravoure militaire, lorsque tu prends le tetton de ta nourrice ; & tu as sur tes langes, à côté de ton hochet, cette croix que le vieux guerrier couvert de cicatrices ambitionne & n’a pas encore obtenue. Passe pour le cordon bleu, c’est la livrée du palais ; mais puisque tes mains enfantines, quand ta bouche suce encore le lait, touchent à cet ornement de la valeur, que le soldat achete de son sang, songe que tu dois le commander un jour ; oui : tu seras le chef des armées : pleure !

Tu auras à combattre le charme des jouissances les plus vives & les plus multipliées. On préviendra tes desirs, tu boiras dans la pleine coupe des voluptés : pleure ! Que te restera-t-il dans l’âge avancé ? De tous les plaisirs, le plus grand est de veiller à la féli-