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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/188

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chambre, prenant une plume, il écrivit sur sa table vermoulue, & son Tacite à ses pieds, qu’il ne releva pas :

Il pleure l’enfant royal !… Oui, pleure ! un jour tu seras roi… Pleure ! tu hériteras d’une grande puissance & d’un plus grand fardeau. Tu seras le maître d’un vaste empire, & le plus assujetti à de misérables usages. Pleure ! le monde aura les yeux ouverts sur toi & sur tes actions ; & l’on te demandera le possible & l’impossible : chacun de tes sujets voudra tout obtenir de toi, comme si tu étois un dieu. Tu seras inquiet de tout ce qui se passera dans ton royaume & hors de ton royaume. Tu seras obligé de veiller quand les autres dormiront. Tu auras des peines qui viendront des pays lointains ; & si l’insouciance te saisissoit dans ce poste élevé, point de plus grand coupable que toi.

Pleure ! celui qui aura le plus de peine à découvrir la vérité, c’est toi ; & il te faudra des efforts surnaturels, pour devenir grand & généreux. On viendra près de toi avec la