Ce fouet va chercher l’homme le plus éloigné, qui distrait ou méditatif s’avance dans la rue, & lui emporte une oreille ou lui coupe le visage. Le charretier jure toujours comme un enragé quoique le sang coule, & le pauvre blessé qui voit couper & sangler les chevaux, n’ose encore parler à ce diable furieux, & se sauve chez le chirurgien du quartier.
Les chevaux en Angleterre vont sans qu’on les frappe. Pourquoi ? C’est qu’on ne les gâte pas jusqu’à ce point, & qu’on ne les fait pas périr de bonne heure sous le poids de la surcharge.
Des loix en faveur des chevaux feroient honneur à un législateur en France, & rendroient le peuple meilleur. Rien de plus hideux & de plus féroce que nos charretiers. Mais tout dépend des maîtres. Les subalternes sont matés par les gros directeurs des roulages & messageries, fiers de leurs privileges. Tous les subalternes matent leurs valets ; & le lourd charretier maté par la misere, mate aussi ses chevaux. Tout dépend des maîtres, qu’on y réfléchisse bien.