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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/18

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plus propre à ferrer les doux liens de la confraternité ; la table est aussi-tôt garnie qu’elle est dressée, & l’appétit sourit à l’amitié.

CHAPITRE CCCLXIII.

Du Fouet du Charretier.


Qui n’a pas reçu du bout du fouet d’un charretier, au risque de perdre un œil ?

Une charrette tient toute la rue barrée par les deux énormes essieux qui saillent grossiérement du milieu de chaque roue : il est impossible qu’ils n’accrochent les ventres ou les poitrines des infortunés piétons selon leur hauteur. En Angleterre, l’essieu au lieu d’être saillant est creux ; deux roues peuvent se toucher & se frotter sans s’accrocher : les charrettes à Paris s’accrochent éternellement, & malheur à qui marche devant ou derriere. Si le cheval fait aussi parmi nous un écart, le charretier le redresse à grands coups de fouet, & il frappe tout ce qui se trouve dans la ligne circulaire que décrit son aveugle & impitoyable bras.