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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/204

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d’homme d’affaires : le plus souvent il ne l’obtient pas. Oh ! le latin conduit à tout.

Au bout de douze ans, le pauvre pere est détrompé, il ne sait plus que faire de son fils ; il lui reste à charge à la maison ; le latiniste ne sait plus se servir de ses bras, il est trop tard pour embrasser un métier, puis ce docteur qui sait quatre phrases de Cicéron croiroit déroger. Inutile à lui-même & aux autres, il va par-tout sollicitant de l’emploi. Il ne connoît ni le monde ni les anciens. Il a fait des thêmes & des versions sous la dictée de quelques pédans qui font leur classe machinalement, & qui s’intéressent fort peu à leurs disciples, parce qu’ils sont toujours payés, soit que les écoliers apprennent, soit qu’ils n’apprennent pas.

Le gouvernement devroit interdire au plutôt ces colleges de plein exercice, où il n’y a réellement que l’apparence de l’éducation ; elle semble gratuite ; elle pompe les plus précieuses années de la jeunesse. Les petits bourgeois qui n’ont rien à payer précipitent en