Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 253 )

doivent lire ce chapitre avec attention.

Ainsi donc dans la ville qu’habite le roi, tel officier décoré de la croix, avant que d’aller chez le ministre, se munit d’un poulet rôti, qu’il enveloppe proprement dans un mouchoir. S’il est invité à dîner, tant mieux, son poulet lui servira pour son souper. Il y a à ce sujet une anecdote connue & que je ne rapporterai pas ici, parce que le journaliste de Neuchatel ne veut pas absolument que je raconte des anecdotes, quoique lui-même n’en sache aucune de ce genre.

Mais malgré lui, je dirai encore ce qui se passe au bout du Pont-Neuf. C’est une faiseuse de beignets qui, plaçant sa poële à frire sur un rechaud exposé en plein air, & dont en passant vous recevez la fumée au nez, emploie, au lieu de beurre, d’huile ou de sain-doux, un cambouis, un vieux-oing, qu’elle semble avoir dérobé aux cochers qui graissent les roues des carrosses. Des polissons déguenillés attendent que le beignet gluant & visqueux soit sorti de la poêle & le dévo-