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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/254

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les viandes pour des estomacs vulgaires, auxquels ces mets, chef-d’œuvre de leur art, n’étoient pas destinés. Des poissons immenses, auxquels on n’a pas touché, n’ont fait qu’un saut de la table de monseigneur le comte d’Artois sur celle d’un chapelier, & vont régaler sa petite famille. Elle se nourrit de mets succulens, & n’a plus besoin de faire une cuisine particuliere.

Ce regrat de Versailles n’est donc point désert en plein jour comme celui de Paris ; au contraire, tel y entre l’épée au côté & fait l’emplette d’un turbot, d’une hure de saumon, morceau fin & rare, qu’il n’auroit pu trouver ailleurs sans dépenser beaucoup d’argent ; il se vante d’avoir été au regrat de Versailles. S’il parloit des assiettes publiques de la capitale, il souleveroit le cœur. Et voilà de ces distinctions qu’il est de mon emploi d’apprendre aux étrangers ; car tout a ses nuances & à l’infini ; nuances instructives, & qui peuvent jeter du jour sur les ouvrages des législateurs & des moralistes. Oui, ils