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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/267

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La comédie de George-Dandin n’a point guéri les roturiers de la sottise d’épouser des filles de condition. Telle, soustraite à la misere par un mariage fortuné, a cru honorer un bon financier en lui donnant la main. Elle se distingue de son mari, et le croit uniquement fait pour lui gagner des millions. Dans les grands soupers qu’elle donne à de petits seigneurs, elle rougit presque de le voir à table. Elle ne permet pas à son époux de traiter ses enfans comme s’il étoit leur pere, parce qu’alors ces enfans ne seroient plus de qualité. Tous les défauts qu’elle remarque en eux (elle le dit presqu’ouvertement) procedent du levain vicieux de leur pere. Tout ce qui n’est pas de qualité la fait tomber en syncope. Elle ne sait comment elle a pu venir habiter l’hôtel magnifique de son époux calculateur. Son nom lui cause le plus grand chagrin, & pour lui faire plaisir, il faut en lui parlant la nommer par son nom de fille. Tous les jours elle soupire sur l’opulente roture de son mari. Elle l’écarte autant qu’il lui est possi-