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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/268

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ble, non pas par antipathie, mais par mépris pour cette ineffaçable roture qui lui revient toujours en mémoire. Il seroit trop au-dessous d’elle de demander de l’argent à son mari ; elle lui donne des mandats qu’il paie comme un banquier.

Qu’a donc produit la comédie de George-Dandin ? Rien pour le tems actuel, où la finance ayant pris les connoissances & les mœurs du siecle, n’a plus trop de discordance avec le ton de la noblesse : les dehors rebutans ont disparu, mais le fond est demeuré le même. Il faudroit donc refaire ce sujet, ne plus offrir un imbécille qu’on fait mettre à genoux devant sa femme, mais un homme foible que les vieux préjugés dominent encore, qui se prosterne en esprit devant les aïeux de sa femme, & qui semble demander grace à ses parens d’oser coucher avec elle, tant il est la dupe de ces imposantes expressions, condition, famille, maison, naissance, qu’on fait incessamment résonner à ses oreilles pour faire couler son or sur les derniers rejetons