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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/284

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chemises, une veste, un marteau ; il n’a que ce jour-là pour faire ses pressantes empletes.

On essaie les culottes dans les allées, & le marché est interrompu par les filles de la maison qui descendent les escaliers pour aller à la grand’messe, & aussi par la garde soupçonneuse qui pousse les portes à demi-fermées.

Ce quai est une vraie foire curieuse, à l’usage des déguenillés ; on y fait troc d’habillemens. Tel entre dans l’échoppe noir comme un corbeau, & en sort verd comme un perroquet. Parmi ces échanges de fripperies, une multitude de femmes tournant & retournant l’étoffe en tous sens, président à des marchés qu’on ne sauroit appeller tacites ni clandestins. Elles aident d’une main officieuse aux vêtemens trop étroits & même aux boutons indociles qui ne rejoignent pas exactement la boutonniere ; elles sont entendues en fait de culottes de peaux, parlent de goût comme des académiciens, & de la grace collante que le chamois doit avoir. Elles ha-