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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/285

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billent de pied en cap le chaland, & pendant l’entretien, elles se ménagent habilement pour le soir un goûter aux Porcherons.

Les soldats du guet marchent complaisamment à pas lents, parce qu’ils ont leurs femmes, leurs enfans, leurs amis, leurs parens dans ces échoppes, & qu’eux-mêmes font le commerce quand ils ne sont pas de garde.

Ô loi antique du sabbat, que d’atteintes ces marchandes empressées à revêtir leur prochain, ne portent-elles pas à tes réglemens ! Mais avant tout, la pudeur publique doit être respectée ; & c’est bien ici le cas de dire : nécessité n’a point de loi.

Voilà comme rien n’est perdu à Paris, ainsi que dans le systême éternel de la nature. L’atome, la chemise usée, la culotte trouée & le soulier déformé ne périssent point encore, rien ne s’anéantit ; non, rien ; il se trouve toujours des individus qui entrent avec justesse dans ces moules tout prêts. Ces culottes suspendues invitent les passans, & la tentation est égale au besoin.