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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/290

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les prédicateurs qu’il faut entendre, les églises qu’on doit fréquenter par préférence, mais il écarte tout ecclésiastique de l’hôtel ; lui seul doit régner, & l’on a soin de ne pas lui faire entrevoir le rabat d’un rival.

À table les meilleurs morceaux sont pour lui, les domestiques le servent avec attention, il aime le café, les liqueurs, & il les savoure d’un air réfléchi. Si les propos deviennent un peu libres il paroît ne rien entendre, & sa physionomie qui prend un caractere de gravité, manifeste seule qu’on profere des paroles inconsidérées ; il est civil plus que poli, & l’on voit qu’il a pris son parti sur plusieurs objets. Si l’on prononce devant lui le nom de tartuffe, on diroit que ce mot lui est étranger.

Il a toujours l’air de marier les nieces ; mais il a le mot de la tante, il n’en fait rien : & comme on croit aisément ce qu’on desire, les nieces s’imaginent toujours qu’il s’occupe d’elles ; il les tient ainsi en haleine avec une présence d’esprit incomparable.