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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/298

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rentes. Voyez leurs courses précipitées ; ils vont, viennent ; que veulent-ils ? que demandent-ils ? On n’en sait rien ; ils mourront sans rien obtenir.

Le courtisan qui vous a salué dans la rue, ne vous reconnoît plus au lever ou à la messe.

Que de gens ont broyé inutilement le pavé de la route de Versailles ! Plus d’un courtisan meurt étique devant l’objet qu’il poursuit & qu’il adore.

Ces courtisans oisifs que l’intérêt dévore,
Vont en poste à Versaille essuyer des mépris,
Qu’ils reviennent soudain rendre en poste à Paris.

Volt.

Le jour que l’on nomme un ministre : c’est le plus grand génie qui ait jamais existé ; rien n’égale sa pénétration, son désintéressement ; l’éloge est outré ; il ne peut l’entendre sans rougir, tout retentit de ses louanges. À quelque tems de là il chancelle ; le dédain, le blâme, l’aigreur attaquent sa personne & ses opérations. On n’a plus rien à attendre de lui, on le déchire avec fureur.