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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/30

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CHAPITRE CCCLXIX.

Tueries.


Quoi de plus révoltant & de plus dégoûtant que d’égorger les bestiaux & de les dépecer publiquement ? On marche dans le sang caillé. Il y a des boucheries où l’on fait passer le bœuf sous l’étalage des viandes : l’animal voit, flaire, recule ; on le tire, on l’entraîne ; il mugit, les chiens lui mordent les pieds, tandis que les conducteurs l’assomment pour le faire entrer au lieu fatal.

Un doux mouton succomboit au milieu de la rue Dauphine à la fatigue de la marche ; meurtri de coups, le sang lui sortoit par les yeux ; & tout-à-coup une jeune fille en pleurs se précipite sur lui, soutient sa tête, qu’elle essuie d’une main avec son tablier de gaze, & de l’autre, un genou en terre, supplie le boucher, dont le bras étoit déjà levé pour frapper encore. Cela n’est-il pas à pein-