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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/325

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ineffable, pourquoi transmettre aux regards la figure atroce de leurs bourreaux, & en épouvanter l’ame timide & compatissante qui vient adorer & prier ?

Les mœurs actuelles nuisent beaucoup aux jeunes peintres. Ils sont devenus moins laborieux que leurs prédécesseurs. La trop grande dissipation dans laquelle ils vivent, absorbe le tems nécessaire pour les grands travaux ; puis le libertinage dégrade aussi quelquefois l’artiste & son génie. Il étoit fait pour s’élever au sublime ; il amollit son pinceau, le dénature, le rabaisse à des scenes communes. Tel qui étoit né pour nous retracer les faits immortels de notre histoire, fera une bambochade, où deux petits amours seront groupés près du fémur d’une nymphe.

On voit au sallon que les peintres François ont été fort embarrassés pour peindre nos têtes poudrées & nos joues enluminées ; mais quand il faut que leur pinceau rende un conseiller en robe, alors c’est bien autre chose. Quoi de plus ridicule en peinture, qu’un