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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/338

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pour que deux voitures puissent y passer de front commodément. Il faut toujours qu’une roue porte sur le bord du pavé, qu’elle enfonce & dégrade ; elle retombe sur une terre molle ; la voiture, glissant sur le pavé qui est en dos-d’âne, souffre de la pente & sur-tout de l’enfoncement de la terre argilleuse.

On ne voit sur les routes que de pauvres rouliers, effrayés par le bruit tonnant des turgottines, chercher à en éviter le choc en faisant pencher précipitamment leurs voitures, & souvent au risque d’être brisées toutes deux.

Point de péages, il est vrai ; point de barrieres établies de distance en distance ; on a fait ces routes comme à plaisir ; on les a recommencées autant de fois que l’on a voulu. Les routes en Angleterre se détournent plutôt que d’écorner la chaumiere d’un paysan ; ici le paysan lui-même a été envoyé à la corvée. Vous passez sur le terrein qui fut sa grange, & qu’il a arrosé de ses sueurs, pour