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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/48

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CHAPITRE CCCLXXIII.

Devinez.


Lempire qu’une femme a sur un homme est toujours flatteur pour son amour-propre ; mais quelle gloire & quel avantage pour celle qui, à l’orgueil de son sexe, joint l’orgueil de voir un ministre à ses genoux, un ministre aimable encore & puissant, & qui doit chaque jour reporter à ses pieds le crédit qu’il va puiser dans le conseil des rois ! Comment le feu de ses yeux, la vivacité de son esprit ne s’animeroient-ils pas lorsqu’ils se voient portés dans le tourbillon des affaires, & mêlés aux intrigues de l’état ? Ses graces ont plus de noblesse, son caractere devient élevé ; & comme dans la domination une femme est dans son élément, elle semble née dans ce palais dont elle étoit éloignée : on diroit qu’elle connoît tous ces hommes qu’elle n’a jamais vus, & l’esprit de cour ne semble