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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/49

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qu’une nuance, non encore apperçue, & qui tenoit à son caractere. Ses protégés semblent ses sujets, & ne sont point avilis. Peut-être dans ce haut rang est-elle plus fidelle à l’amitié & à l’amour, que lorsque loin de la grande route elle jetoit indistinctement ses filets sur les pas de tous ceux qui l’environnoient.

Si le champ à Paris est ouvert à la fortune pour les hommes, les femmes n’en font pas de moins brillantes, & exercent le pouvoir de leurs charmes sur un plus grand nombre de cœurs. Elles frappent sur plusieurs à la fois ; les traits que la beauté lance trouvent toujours quelques ames sensibles ; la beauté solitaire, dans une ville de province, n’a que peu de rapports, & son triomphe est incomplet. Ici, quelle que soit sa naissance, si la nature l’a pourvue de ces attraits qui subjuguent, elle enflamme le duc, le président, le maréchal de France, l’ambassadeur, le ministre, le monarque. L’amour se plaît à confondre les rangs, à faire mouvoir la roue de