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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/147

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tres disent : les grosses eaux ont empêché la provision d’arriver. Pendant ce tems-là, la marmite qui doit bouillir pour l’accouchée & pour le vieillard malade n’a plus été échauffée ; & les Parisiens qui estiment que le pain, le vin & le bois descendent dans la capitale à peu près comme les rayons du soleil, ont été fort étonnés de ne plus voir ces hautes piles de bûches, géométriquement rangées, tandis que l’astre du jour n’avoit pas manqué de les éclairer. On a songé en ce moment à le moins prodiguer ; & les cuisiniers qui brûloient les grosses bûches comme des alumettes, ont reçu ordre pour la premiere fois de le ménager.

Quand on voit arriver ces longues masses de bois appellées trains, qui ont jusqu’à deux cents cinquante pieds de longueur, que conduisent seulement quatre hommes, & qu’on admire avec effroi leur adresse & leur intrépidité à l’approche des ponts, dont ils enfilent les arches, on ne songe point assez à l’inventeur ingénieux & hardi du bois flotté, à ce Jean