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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/148

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Rouvet, qui imagina en 1549 le projet d’abandonner des bois coupés au courant des eaux. On le traita d’insensé avant le succès, puis on le tracassa lorsqu’il eut réussi.

Ainsi le bois qui fait la soupe parisienne vient de quarante lieues sans voitures ni bateaux. Jeté dans des ruisseaux, il descend ainsi jusqu’aux rivieres ; & la main industrieuse compose alors ces masses longues & flottantes, dont toutes les pieces sont parfaitement liées ensemble.

Il faut un nouveau travail pour déchirer ces trains. Des hommes, Tritons bourbeux, vivant dans l’eau jusqu’à mi-corps, & tous dégouttans d’une eau sale, portent piece à piece sur leur dos tout ce bois humide qui doit être brûlé l’hiver suivant.

Ce que le chauffage de la capitale coûte de peines, de soins & d’industrie, ne sauroit être compris que par ceux qui ont suivi ces travaux ; & personne ne réfléchit sur les détails immenses qui préparent cette consommation prodigieuse.