Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 116 )

royale, le leste équipage, passant comme l’éclair, le regarde en pitié. Ce carrabas n’a pas l’air de conduire les gens à une cour brillante. S’il fait soleil, vous y arrivez grillé, s’il pleut, vous êtes trempé comme une soupe. C’est dans cet état qu’on débarque les Parisiens empressés de voir la majesté du trône, devant le château magnifique & la grille dorée du riche souverain.

Quand cette lourde & vilaine cage croise un équipage royal, il n’y a plus d’expression pour rendre le contraste qu’offre le coup-d’œil ; il faut en rire malgré soi. On diroit qu’on a voulu conserver la premiere voiture qui fut imaginée pour rehausser l’éclat & la légéreté des voitures nouvelles. Le bon Henri IV n’avoit cependant qu’un coche de cette espece, & il écrivoit à Sully : je ne pourrai vous aller trouver d’aujourd’hui, ma femme m’ayant pris mon coche. Comme deux cents années font absolument changer de face aux mêmes objets !

Il faut entrer dans ce carrabas, ou dans des