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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/258

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plus honoré, le plus tranquille ; environné de tous les respects, de tout l’amour de ses sujets, & de toutes les jouissances, pourroit-il être méchant ? Non ; l’idée de peser sur un sujet par caprice ou par ou par haine, ne peut pas plus entrer dans son esprit, que dans celui d’un sujet le projet insensé d’attenter à son autorité.

Or, quand un gouvernement est toujours au-dessus d’un particulier, ou d’un corps, quel qu’il soit, le gouvernement, sans être parfait, est bon, & l’ordre & la tranquillité naissent de ce premier & indispensable moteur. Le reste ne sauroit être précisément calculé.

Tout considéré, vingt-deux millions d’hommes paisibles & non asservis, jouissant de leurs privileges garantis par la main qui les gouverne, offrent, à tout prendre, une administration qui n’est pas malheureuse. Ses avantages contrebalancent une partie de ses défauts ; & la preuve en est que la nation en gros subsiste sans avoir visiblement perdu de sa force