Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 271 )

ser les femmes qui s’y attendent. Une mere se présente, on la baise sur la joue, & la jeune fille n’a qu’une révérence. Une autre fois on serre bien fort la mere, pour avoir le droit de poser sa joue contre celle de sa fille.

Il est des embrasseurs impitoyables, qui épouvantent les demoiselles avec leurs baisers appuyés, tandis que l’homme délicat craint d’effleurer cette jeune peau ; il redoute l’approche, c’est-à-dire, l’étincelle ; il est trop sensible pour imiter ces museaux épais qui vont tomber sur ces visages de roses ; c’est une pierre qui tombe sur un pot de fleurs. L’homme sensible ne craint rien tant que d’embrasser une femme sur la joue en public. Il vaut mieux ne pas toucher sa main, que dis-je le bout de sa robe, que d’avoir un témoin.

Les femmes se baisent toujours vivement en présence des hommes ; mais c’est une agacerie ; elles veulent montrer leur tendresse & combien elles sauroient rendre douce cette faveur. Ces baisers redoublés sont artificiels ; l’œil n’est pas d’accord avec la bouche ; le baiser