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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/277

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ou se desseche ; il fuit les embrassemens de la tendresse pour tomber dans ceux de la débauche. Il a refusé une compagne ; il rencontre une maîtresse impérieuse, qui n’a point d’intérêt d’être économe, qui lui donne des liens plus pesans que ceux qu’il a voulu éviter, & dont l’affection, rétrécie par la cupidité, écarte l’économie. Elle dérobe tout ce qu’elle peut dérober ; l’habitude l’attache à une femme qui grossit clandestinement sa fortune des débris de celui qu’elle pille. Il vieillit insensiblement, & il s’est préparé le malheur de n’avoir aucun ami dans sa vieillesse, ayant repoussé ceux que la nature lui présentoit. Il n’a pas joui d’un cœur qui se soit pleinement fondu dans le sien ; & fût-il susceptible d’amour, le délicieux sentiment de l’estime ne s’y joindra pas : car il ne pourra nommer publiquement la compagne de sa couche ; & les baisers qu’il donnera à des enfans que la loi flétrit, seront des baisers furtifs, qui feront toujours quelques reproches à son ame paternelle.