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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/278

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Vieux garçon, vieux coquin, dit le proverbe. En général, il n’est pas menteur ; les exceptions sont rares. Une vieille fille peut dire : on n’a pas voulu de moi, j’étois laide, j’étois pauvre ; je n’ai point refusé. Mais le vieux garçon qui, dans la carriere de sa vie, n’a point eu de courage d’adopter une femme, (& celle qu’il cherchoit n’existât-elle pas) qui n’a point su créer une ame propre à sympathiser avec la sienne, quelle excuse peut-il donner ? De quelle foiblesse ne s’accuse-t-il pas !

Que sont ces célibataires ? Errant dans la société, ils vont tendant des pieges à l’innocence, & semant le trouble dans les familles. Idolâtres d’eux-mêmes, ils comptent pour rien la honte de la beauté, les larmes & les soupirs de la foiblesse abusée.

D’autres plus coupables encore, attaquent le lien conjugal, & réfléchissant ce crime, joignent à leur perfidie l’espoir affreux de croire mieux cacher leurs désordres, & de se tranquilliser sur les suites.