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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/287

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Concentré dans ses jouissances personnelles, il s’écrie : je suis ruiné ! Hier j’avois du pain, je n’en ai plus aujourd’hui. J’ai écouté une voix qui m’a dit : que vous importent vos freres, vos neveux, vos parens, vos amis ; venez chez moi ; déshéritez vos proches, & vous aurez onze pour cent sur votre tête. J’ai écouté cette voix insidieuse, j’ai répété : que m’importent mes freres, mes neveux, mes parens, mes amis ; j’aurai onze pour cent sur ma tête ; je l’ai suivi chez un notaire, & j’ai déshérité mes proches. Mais je suis puni ; la banqueroute de l’emprunteur est déclarée, & aucun huissier ne peut l’arrêter. Que vais-je faire à présent ? Je ne sais que souper en ville, aller au spectacle & signer une quittance quatre fois l’année. Quel conseil me donnez-vous ? Pourquoi ne m’avez-vous pas averti que l’emprunteur pourroit manquer ? Quelles loix irai-je implorer ? Quels tribunaux me rendront mon argent ? Encore si l’on emprisonnoit toute la maison & qu’on la vendît à l’encan, bêtes & gens, & jusqu’au singe…