Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 330 )

teau mortel, car elle n’en a point. Apollon est sec & plat, sa lyre est un morceau de bois. Lusignan, le visage plâtré, porte une perruque de crins blancs enlevés à la queue d’un cheval ; les lampions, les garçons de théatre, les trapes, le derriere des décorations, le rouge plaqué des actrices, tout cela est triste, désagréable, hideux. Il n’y a plus ni forme, ni proportions. L’acteur rentrant dans la coulisse au bruit des battemens de mains, a un visage si défiguré qu’on ne peut se persuader qu’il vient d’être applaudi.

Il n’y a rien qui dégoûte de l’art comme ce qui se voit dans les coulisses : l’imagination est désenchantée. Voir ces rouages, ces poulies, cet oripeau, ce plâtrage, ces lampions fumeux, ces dégoutans valets de théatre, autant vaudroit briser une belle figure de marbre, pour considérer l’intérieur de la pierre. Que l’art dramatique est beau quand on est placé au parterre ! Qu’il est hideux lorsqu’on le juge à côté des machines qu’il fait mouvoir ! L’auteur & l’acteur voyant