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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/336

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fin & immanquable, elles peuvent donner les meilleurs conseils.

Quand l’illusion des premieres passions est passée, leur raison se perfectionne. Une femme à trente ans devient une excellente amie, s’attache à tel homme qu’elle estime, lui rend mille services, lui donne & en obtient toute sa confiance ; elle chérit la gloire de son ami, la défend, ménage ses foiblesses, remarque tout & lui fait part de ce qu’elle apprend ; le sert efficacément dans les grandes occasions, n’épargne ni ses soins ni ses pas, & le malheureux disgracié de la fortune & des grands retrouve tout ce qu’il a perdu dans l’amitié d’une femme.

L’amitié des femmes a un charme plus doux que celle des hommes ; elle est active, vigilante ; elle est tendre ; elle est vertueuse & sur-tout elle est durable. Les femmes aiment plus tendrement, plus sûrement au moins leurs vieux amis que leurs jeunes amans. Elles trompent quelquefois l’amant, jamais l’ami ; c’est pour elles un être sacré.