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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/350

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quillité que je décris le bruit tumultueux, l’agitation & les vices de la capitale.

Le magnifique amphithéatre des Alpes est sous mes regards, & ma pensée plonge dans la fange de ses ruisseaux infects & de ses mœurs. Tandis que j’écris ce livre, tout-à-la-fois trop long & trop court, je vois autour de moi des hommes qui n’ont pas la moindre idée du tableau dont j’apprête les couleurs.

Heureux l’habitant des Alpes, élevé sur un rocher entre le ciel & la terre ! Il respire un air pur, il voit le soleil dans toute sa pompe, il possede la modération, il est satisfait ; & n’appercevant pas les travers & les folies de l’opulence, il se croit riche.

La superstition ne l’approche point ; la superstition habite toujours chez les peuples pauvres & malheureux qui souffrent des attentats d’un fisc dévastateur. Ici, son nom même est inconnu ; les roides formalités des douanes accablantes, pour un tribut mesquin, n’épouvantent point une industrie libre. Ces petites peuplades qui jouissent sans partage