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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/354

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un instant l’ame de l’homme, est trop impétueux & trop grand pour être contenu long-tems dans le sein d’un être foible & borné. L’homme le plus près des cieux a senti l’étincelle divine dont son ame fut allumée ; c’est devant la majesté du ciel qu’il a reconnu avec plus de force les folies & les malheurs de la terre ; mais à force de sentir, bientôt ce qu’il sent le mieux, c’est sa foiblesse, sa petitesse, son impuissance. Il voit les maux politiques invinciblement liés à la force physique, à la force écrasante.

Elle est au-dessus de sa tête. Cette avalanche roulante avec le bruit du tonnerre, va engloutir l’observateur, le réformateur & ses plans généreux. Foible & petit, ébranlera-t-il plutôt le mal moral que le mal physique ? Dans ce cœur si chaudement ému, quelle force, quel moyen trouvera-t-il ? Qu’est-il ? Que veut-il ? Que peut-il ?

Bientôt reconnoissant, qu’un chaînon est lié à l’immense chaîne, & ne peut rien sur elle, il sort de son délire, il n’en conserve