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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/355

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que la sensation adoucie, comme un mouvement curieux & bon de l’ame humaine ; & son cœur ne se sent plus pressé que du soupir de la pitié.

Il vouloit réformer les hommes ; il ne fait plus qu’admirer la nature. La nature autour de lui semble lui crier : je suis grande, & tu es petit ; cet horizon est immense & ta conception est bornée. Ce rocher a vu les premiers jours de l’univers ; s’il pouvoit parler, il te confondroit. Sois en silence devant ces masses énormes.

Oui, c’est ici que cette foule d’abus, qui investissent l’humanité, semblent attachés à l’homme qui rampe dans le bas des plaines, comme la taupe qui a creusé son habitation dans la terre. Il s’est éloigné de la région céleste ; il n’a point su gravir le sommet des montagnes, pour y retirer cet air fortifiant qui monte l’ame au ton de la vertu. L’homme secoueroit sans doute les viles passions en gravissant vers un séjour élevé ; & toutes ses pensées ne sont peut-être basses & terrestres