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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/356

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que parce qu’il s’est enseveli dans des maisons que la boue & la fange environnent. Que l’homme monte sur les hauteurs ; sa pensée s’élevera avec lui, & il perdra toutes ces petites idées rampantes & uniformes comme le terrein sur lequel il marchoit. C’est ici que l’homme est plus fort, qu’il est meilleur. La nature semble porter plus visiblement, sous un aspect informe, brut & sévere, l’empreinte d’une main auguste & créatrice. Ici, les noires forêts de sapins jettent leur ombrage solemnel. Là roule en mugissant le torrent qui a coupé la montagne, depuis sa cime jusqu’à sa base, & qui semble tomber dans un abyme sans fond. On admire, on recule d’effroi ; l’œil revient sonder le gouffre ; le pied est tremblant, & l’ame est en extase.

Un vaste amphithéatre de glaces éternelles, un paysage majestueux, des lacs qui répetent les sommets irréguliers qui les environnent ; des pyramides dont la base semble les fondemens du globe ; des ruines immenses