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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/47

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Le philosophe devrait s’étudier à flétrir les diamantaires, les lapidaires, & les représenter comme des pestes publiques, moteurs d’un luxe odieux, & engendrant cette foule d’êtres corrompus, qui se prostituent pour des pierreries.

Le diamant est à mes yeux l’enseigne de l’insensibilité morale ; le diamant semble endurcir tous les êtres qui se pavanent de sa pompe frivole. Quand je vois une femme porter à son bras la valeur de quatre riches métairies, son bras ne m’inspire plus l’envie de le baiser. Mais un homme orné de diamans, usurpant cette parure des femmes, me fait frémir, & je m’éloigne de lui avec une répugnance invincible. Tous ces petits cailloux brillans dont il est vain, sont l’emblême de son ame froide & dure, & plus il est élevé en grandeur, plus il me paroît petit & livré à un égoïsme ridicule.

On a vu, dit-on, Rodolphe, empereur & roi de Bohême, écorcher ses sujets pour amasser une quantité prodigieuse de pierreries. Il en avoit composé une table si artiste-