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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome X, 1788.djvu/24

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levée. Cet homme est… un cuisinier de la cour, lequel, dans un clin-d’œil, a donné la perfection à un mets apprêté pour une bouche royale. Son travail est dès-lors fini pour toute la journée : il sort triomphant. Vaucanson ne pouvoit pas faire celui-là, je l’avoue ; c’est un artiste rare, qui a un goût prompt, & plus de goût cent fois dans les cuisines, que n’en a le plus fin académicien au lycée du palais-royal. Jamais il ne se trompe ; il rectifie tout avec des riens ; toutes les finesses de l’art sont au bout de sa langue ; il fait des miracles avec le bout de son doigt. Mais si le génie des Vaucanson ne sauroit atteindre jusqu’à faire un pareil cuisinier, il pourroit du moins créer, je l’imagine, celui qui chausse ou déchausse un prince, celui qui met un plat sur une table, & qui s’appelle gentilhomme-servant, celui qui présente une canne & un chapeau, celui qui tire un fauteuil ; enfin, quelques autres excellens officiers suivant la cour, &c.