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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome X, 1788.djvu/40

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CHAPITRE DCCLXXIV.

Les deux Crébillons.


Javois dix-neuf ans, & dans ce temps la renommée de Crébillon, poète tragique, étoit au plus haut degré. On l’opposoit à Voltaire ; car le public cherche un rival à tout homme illustre, & les balançant l’un par l’autre, il se dégage ainsi d’un poids d’estime trop considérable.

Je l’ai vu ce temps, où la nation en général étoit si peu avancée, qu’on ne parloir & qu’on ne savoit parler que de Racine & de Corneille, de Crébillon & de Voltaire. Il est inconcevable qu’on se soit agité si long-temps sur des questions aussi futiles. J’étois jeune ; je n’avois reçu qu’à moitié l’impression universelle ; j’admirois moins que les autres ces tragédies si vantées. J’y trouvois une uniformité, une contrainte,