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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome X, 1788.djvu/39

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consolide leur bonheur dans la pleine confiance des caresses mutuelles. Ailleurs une petite voix contrefaite est nécessaire ; elle devient tout à la fois honnête & trompeuse. Ici le mari s’enivre de sa conquête, & vante son propre triomphe. L’épouse n’a pas besoin d’une voix fallacieuse pour qu’il se félicite lui-même de sa victoire. On disoit à la cour, il y a quarante ans : l’honneur y recroît comme les cheveux. Oh ! il y recroît bien autre chose, ainsi que dans la capitale.

Une demoiselle bien majeure proposa tout naturellement à un galant homme de lui faire un enfant, mais sans exiger qu’elle se mariât. Dès qu’elle fut grosse, elle congédia le galant. Elle eut un fils qu’elle allaita. Le père plaida pour épouser la mère, qui lui tint rigueur, & lui demanda combien il vouloit pour la peine qu’il avoit prise de la féconder. Il perdit son procès, dépens compensés.