Page:Mercure de France, t. 147, n° 548, 10 avril 1921.djvu/98

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ginaires, aux pans creusés comme la peau des tentes sous le vaste poids du ciel, et resplendissant de l’or céréal de ses tuiles par millions. Une seconde toiture, lèvre inférieure avancée, qui reprend le geste et l’incline doucement vers les quatre espaces. — La façade, maintenant couleur de bois, est toute enveloppée d’ombres. Il y a trois grandes portes rectangulaires, ouvrant leurs regards sur la triple esplanade qui porte tout. Pour monter, les trois escaliers offrent, à droite, à gauche, des marches usuelles ; au milieu, une longue dalle réservée, où des dragons jouent dans les nuages et des chevaux de mer parmi les flots.

À l’entrée, le volume est déconcertant. Quel espace gardé par ces hordes de colonnes, rondes, polies, droites comme des poteaux, hautes à l’extrême ! Leurs huit rangées transversales ménagent donc neuf travées, le chiffre d’honneur par excellence, le nombre limite que le Ciel même ne peut pas dépasser, puisqu’il n’y a que neuf étages au firmament,.. Oui, tout ce vaste enclos serait déraisonnable, si je n’en savais pas la raison, le centre ; et le centre, le voici à hauteur de mon visage, à portée de ma main : une tablette de bois rouge, haute d’une coudée à peine et marquée de six caractères.

Les lettres sont pures, sans archaïsmes ni déformations, identiques aux modèles que les enfants calquent. Je lis :

MING
TCHENG
TSOU
WEN
HOUANG
TI

Cela signifie :

DES MING, LE PARFAIT ANCÊTRE WEN, — EMPEREUR, et cela est plein de majesté.

La tablette est frêle, légère. Elle est posée, — non scellée, — sur un socle à peine décoré où trois marches conduisent ; sous un dais endragonné d’or poussiéreux. Et pour-