Page:Mercure de France, t. 147, n° 548, 10 avril 1921.djvu/99

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tant, je sais qu’elle retient toute l’âme essentielle du PARFAIT ANCÊTRE WEN, dont les os inutiles occupent, un peu plus loin, le cœur de la montagne.

Qu’importe alors que la demeure soit démesurée, si l’Hôte la remplit toute de la grandeur du Nom ; si le Nom déborde la demeure ; si la présence se répand sur la terrasse, s’exhale dans le parc au delà des murs et va couler dans toute la vallée… — Mais non. Je ne puis pas me convaincre aujourd’hui. Quelle inquiétude jamais éprouvée ! Je ne trouve pas l’apaisement solennel…

Ah ! voici tout le mal : il y a des étrangers. Je les entends ; je les flaire surtout. Ils vont et viennent, ils s’extasient, ils récitent les inscriptions barbares qui souillent les murs. Et mon dépit n’est que l’irritation du monument lui-même au contact de ces parasites… Cela ou bien autre chose.

Autre chose, oui. Car cela n’est pas plus gênant que ces ânons qui paissent l’herbe entre les dalles, et dont le mâchonnement ne me semble pas sacrilège. Et pas plus que ce cheval maigre, d’un blanc-jaune, et vieux, qui hante le couloir. Il faut une autre cause au trouble du monument ; une perturbation plus digne de lui.

Je promène avec inquiétude mes pas dans la salle… et tout à coup, l’écho de mes pas m’apprend ceci : que la salle est déserte ; que le possesseur du nom n’habite plus son nom, que l’âme essentielle réside ailleurs… Je reviens droit à la tablette : elle est là, toujours, au centre de tout. Je la confronte, je l’interroge ; et je sens de plus en plus que tout le monument est vide ; que les Caractères mentent et sont vides aussi.

Comment, moi, puis-je affirmer cela ?…J’ai déjà dit : les échos sur les murs. Je le sais bien : la demeure est abandonnée ; l’espace qu’elle enferme existe mal.

Comment les poteaux et les toits peuvent-ils épauler en-