Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/169

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REVUE DE L A QUINZAINE 355 Mater Dolorosa dramatise un autre calvaire, celui de la mère pauvre et veuve, doût tout le monde abuse et qui, poitrinaire,bientôt repoussée de chacun,se résigne à léguer son enfant,sans même l ’em­ brasser une dernière fois de peur de l’ empoisonner. Chaque détail ici s’emprunte à la réalité même et le dialogue est d’une rare acuité. Sans démonstrations sociales,sans thèseà faire prévaloir, Juho Dantas sus­ cite ici le frisson tragique et souverainement humain de la pitié. Ainsi l’Art, comme le Géant de la Fable, ne reprend de forces qu’au contact du sol, c ’est-à -dire dans l ’étreinte de la Nature, de la Tradition, du génie de la Race. Qu ’un peuple soit transplanté, et certaines de ses facultés vont se trouver exaltées. Ainsi nul poète portugais ne se manifeste aussi ruti­ lant, aussi bibliquement sensuel que le brésilien L uiz Guim araes filho, dont les Pierres précieuses semblent l’œuvre de quelque Catulle d’Arabie ou de Chaldée. Cependant, toutes ces qualités de luxuriance tropicale sont bien réel­ lement en germe chez Eugenio de Castro,et Luiz Guimaraes est bien de la même race, tout en étant d’ une autre terre. Sous ce rapport, l ’Exposition de Rio (section des Beaux-arts) peut servir à montrer comment les deux nations sœurs d ’Europe et d’A mé­ rique se complètent, à travers das directions communes. Cette expo­ sition, à laquelle fît défaut la visite espérée du Roi Carlos — et pour cause — ne peut que favoriser une féconde compénétration récipro­ que. Meme.tto. — Reçus, pour être prochainement éîudié3, Variaçoes sobre um velho thema, contes par Paulo Osorio; No solio de amanhan, roman par Dario Vellozo; Divorciados,roman de Cuuha Meoder,etc. Nous aurons à parler également d’un beau livre d’analyse psychologique : Cartasd’amor, du maître romancier Teixeira de Queiroz, et des Mémoires d’une actrice, de Mercedès Blasco. PHILÉAS LEBESGUE. LETTRES NÉO-GRECQUES Aristote Valaoritis : Vios kai Erga, trois volumes ; « Bibliothèque Marasli », Athènes. — Crise balkanique. — Pol. Dirnitracopoulos : To mystikon toa Bospo- ron, romaa oriental; Dionysos Eustratios, Athènes. — Varlendis : I Klirono- mia ; Athènes. — Alex. Pappadiamaodis : Un Rêve sur les flots, traduit par Jean Dargos ; «cLe Monde hellénique », Athènes-Paris. — Démétrius Bikélas. — Jean Perçialitis : Ta Orea, B . Traita Tragoudia, Athènes. — Sotiri Skipis : I Me- gali Avra (prôti sfrayida), poèmes ; Chaponet, Paris. — Meanento. Il est des commémorations meilleures que les statues ou les stè­ les funéraires, plus instructives surtout et plus fidèles gardienn es de la vertu des peuples : ce sont les chants qui célèbrent la gloire des héros ; ce sont les éditions définitives de poèmes où s ’imm ortalise l’âme de la race. Voici trois tomes que tout Hellène digne de ce nom