Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

a56 MERCVRE DE FRANCE— i6-xi-1908 Ce parti, avant tout, veut l’ordre, car l’ordre est à la liberté ce que l’organisation est à la vie ; l’anarchie, c’est la mort. Il veut la paix avec honneur : la guerre est un fléau social qui retombe tôt ou tard sur le peuple qui le déchaîne sans nécessité; elle est la ruine du commerce et de l’agriculture, le gouffre des popula­ tions, une dîme de sang humain. Il veut la légalité, car elle est la forme visible de la liberté. Il veut le progrès, car le progrès est dans la destinée du genre hu­ main, et la civilisation n’est qu’un problème dont chaque siècle doit avancer la solution ; mais il veut que ce progrès, éclairé par l ’expé­ rience, ne compromette pas la stabilité du présent pour les hasards de l’avenir. Voilà, Messieurs, le parti auquel j ’appartiens : sous quelque nom qu’on le désigne, sur quelque banc qu’il se place, ce parti sera le mien. S ’il est le vôtre, me voici ; que mon nom sortede l’urneoù vous allez vous-même jeter votre sort ! Une élection libre est le grand jour pour le caractère qui ose l’af­ fronter ; ce grand jour, cette épreuve de la vie et des opinions, je les provoque sans les redouter: je n’ai rien à démentir dans le passé, rien à tromper dans l’avenir ! Peut-être, Messieurs, ne trouverez-vous pas en moi le talent que vous auriez droit d’attendre du défenseurde vos intérêts les plus chers, de vos droits les plus sacrés; mais à défaut de ce génie oratoire que la nature n’accorde pas à tous les hommes, elle a donné à tous la force de la conviction et la puissance de la vérité : la vérité et la con­ viction seront ma seule force dans cette lutte, où je n’ambitionne d’autre prix que votre confiance, et d’autre gloire que votre estime. ALPHONSE DE LAMARTINE. Voici, d’autre part, le manifeste envoyé à MM. de Gapmas et Meissonnier, tous deux propriétaires à Hyères, pour les élec­ teurs de la deuxième circonscription de Toulon : Messieurs, Vous me demandez si j ’accepterais l’honorable candidature que quelques électeurs de votre arrondissement seraient disposés à m’offrir. Quand l’ordre social ébranlé par quarante années de révolutions est compromis de nouveau par les doctrines les plus subversives; quand la France cherche parmi tous ses enfants ceux qui se sentent le courage de se dévouer à sa cause; quand des choix qu’elle va faire dépendent les destinées de chacun, celles de la patrie, de l ’Europe peut-être; nul homme ne peut refuser un mandat qui devient un devoir. Quelque soit le sentiment de sa faiblesse, de son impuissance,