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Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/71

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LES DÉBUTS POLITIQUES DE LAMARTINE si son nom sort de l ’urne il doit accepter le sort; que dis-je? il doit se glorifier que son nom se soit trouvé dans la pensée et sur les lèvres de ceux qui ne veulent pas périr sans combattre! Tels sont mes sen­ timents, Messieurs, en apprenant que les électeurs de l’arrondisse­ ment rural de Toulon ont daigné prononcer le mien ; je leur suis inconnu, il est vrai, mais quand la cause de chacun est devenue la cause de tous; quand l’intérêt d’une localité est confondu par la gravité des événements et des périls avec l ’intérêt de la France et de l’Europe tout entière, tout Français est compatriote d’un Français, car ils ont les mêmes principes à défendre, les mêmes droits à garan­ tir, les mêmes intérêts à protéger. Puisqu’ils m’ont nommé, ils m’ont bien jugé sans doute; et si mes talents trompent leur espérance, leur consciencedu moins ne sera pas trompée par la mienne. S’ils cherchent un homme qui, né avec nos révolutions, a sucé avec le lait dans les cachots de la Terreur l’horreur de nos temps d’anar­ chie, Oui témoin de douze ans de despotisme a puisé dans cet excès de pouvoir l’amour d’une pure et généreuse liberté, Qui a salué la Restauration comme une espérance et comme un principe, et qui a eu foi en elle tant qu’elle a cru elle-même à sa mission et à sa force : le dreit de tous, Oui spectateur affligé de son suicide a déploré ses erreurs et^ces chutes de dynasties qui entraînent souvent les empires, Qui ne croit pas cependant que le pays doive s’engloutir dans les ruines de ses gouvernements, mais qui pense que si les anciens se faisaient une vertu de ne pas désespérer de Rome, la Providence nous ferait un crime de désespérer de la France, Un homme qui, croit que les vrais amis de leur pays, en doivent pas s’abandonner eux-mêmes, et qu’il y a toujours espérance tant qu’il y a courage et vertu dans une nation , Un homme qui comprenant sonvépoque et son pays ne pense pas qu’on puisse reconstruire l ’avenir avec les débris du passé, mais qui trouve dans le sol français un fondement solide et neuf pour recons­ truire l ’édifice social: la liberté — Non point ce monopole de liberté que tous les partis ont prétendu faire tour à tour à leur profit depuis quarante ans, dérision du plus fort mesurant sa part au plus faible, despotisme hypocrite, le plus odieux de tous, parce qu’il affecte le nom d’une vertu, et écrit le mot Liberté sur les chaînes mêmes de la servitude ! Mais la liberté réelle, généreuse, universelle, fondée par tous et pour tous, respectant tous les droits, consacrant tous les devoirs, protégeant tous les intérêts légitimes ; asile ouvert à toutes les opi­ nions, à toutes les croyances ; temple où se réfugieront à l’abri de a