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Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/82

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MERCVRE DE FRANCE— 16-xi-igoS Très batailleur, il commença de bonne heure à publier des articles dans VUnivers, l’O rdre et la Liberté. Quelques-uns furent remarqués ( i 855- i 865), dans lesquels il combattait en faveur des églises unies d ’Orient. En 1875, Tabbé Anger fut nommé chapelain de la Déli­ vrande. Ayant donné tout ce qu’il possédait, il s’installa tant bien que mal dans ce qu’ il appelait justement sa cabane et alors commença pour lui une vie de prière et d’austérité qui le fit détester de ses confrères, gênés par la présence de sa vertu et sa valeur intellectuelle. Un prêtre pourtant devint son ami. C’était le P. Léon d’A u ­ revilly, qui terminait sa carrière sacerdotale comme aumônier de l ’hôpital de Saint-Sauveur. Le P. d ’A urevilly mourut au mois de novembre 1876. Après la cérémonie des obsèques, auxquelles quelques fidèles seule­ ment avaient assisté, deux amis reconduisirent Jules Barbey à son domicile habituel, une petite chambre où il s’installait pour deux ou trois jours lorsqu’il venait voir son frère et que les propriétaires ont conservée pieusement telle qu’ elle était. A peine entré, Barbey d’Aurevilly s’accouda au marbre de la cheminée, le visage dans ses mains et sanglotant. Il laissa échapper quelques paroles d’ amertume, car le désert fait au­ tour du cercueil de son frère l’avait vivement blessé : « Ah ! dit-il, je n’attendais personne de la société de Saint-Sauveur, il y a longtemps que nous n’en sommes plus, mais j ’ aurais cru que les pauvres se seraient davantage .souvenus de lui. » Il s ’informa alors d’ un prêtre à l’allure distinguée qu’il avait remarqué parmi les officiants de la messe funèbre. On lui dit que c’était l’abbé Anger. Il le vit le lendemain et leur amitié commença. Lorsque parut la seconde édition des Philosophes et écri­ vains religieux, le volume était ainsi dédié à l’abbé Anger : ... C’est derrière le cercueil de mon frère que je vous ai vu pour la première fois. Pour nous, chrétiens, qui voyons partout la Pro­ vidence, il semblait que Dieu vous avait mis là pour entrer dans ma vie quand mon frère venait d’en sortir et pour le remplacer dans mon cœur et dans ma pensée. En vous offrant ce livre, mon cher Abbé, je vous demande, comme je le demandais à mon frère, de le couvrir de votre autorité de prêtre, plus haute pour moi que toutes