Page:Mercure de France, t. 81, n° 296, 16 octobre 1909.djvu/70

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Dès lors, il me fallut étrangler ce serpent. Je voulais vivre, c’est pourquoi je devais mourir. »


7.

Tant que l’on devra encore agir, par conséquent tant que l’on commandera, il n’y aura pas encore de synthèse (la suppression de l’homme moral). Ne pas pouvoir faire autrement. Les instincts et la raison qui commande ne sauraient autrement aller au delà du but. Jouir de soi-même dans l’action.


8.

Tous, ils ne veulent pas porter le fardeau de ce qui n’est pas commandé ; mais ils font ce qu’il y a de plus difficile, lorsque tu le leur commandes.


9.

Surmonter le passé en nous-mêmes : combiner à nouveau les instincts et les diriger tous ensembles vers un seul but : — cela est extrêmement difficile ! Il n’y a pas que les mauvais instincts qu’il faut surmonter, — il faut aussi faire table rase de ce que l’on appelle les bons instincts, afin de les sanctifier à nouveau !


10.

Il ne faut pas faire de bonds dans la vertu ! Mais il faut que chacun suive un chemin différent ! Pourtant chacun ne doit pas vouloir parvenir au plus haut ! Par contre, chacun peut servir de pont et d’enseignement pour les autres !


11.

Pour la bonne volonté d’aider, de compatir, de se soumettre, de renoncer aux attaques personnelles, les hommes insignifiants et superficiels deviendront peut-être pour l’œil quelque chose de supportable : il ne faut à aucun prix leur ôter l’idée que cette volonté est « la vertu même ».


12.

L’homme rend précieuse une action : mais comment une action rendrait-elle précieux un homme ?


13.

La morale est affaire de ceux qui ne peuvent se libérer d’elle :