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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/12

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JANVIER 1891

mais le poète en question m’ayant affirmé qu’ils sous-entendaient quelque chose, je Fai cru sur parole, voilà tout. N’y accordez donc qu’une attention de simple curiosité pendant que j’amarre l’ascenseur »

La paisible respiration de miss Hadaly soulevait son sein, elle chantait d’une voix douce et avec les inflexions d’une mélancolie surprenante :

L’Espoir sacré pleure à ma porte, L’Aurore me maudit dans les cieux. Fuis-moi ! Va-t’en ! Ferme les yeux ! Car je vaux moins qu’une fleur morte.

Lord Angel était envahi par une sorte de surprise terrible. L’oiseau de paradis, d’un ton compoinct, s’écria :

N’accède pas à de tels voeux !


Et un oiseau mouche :

 Pourquoi se troubler de la sorte ?	

Et un serin, avec l’intonation dubitative d’un professeur de L’université de Philadelphie, et le regardant de travers : Serions-nous superstitieux ? Sa raison semble assez peu forte.

Un colibri, avec l’organe d’un marchand d’huile de porc de Cincinnati :

Je ne le crois pas sérieux ! Une huppe, avec un rire :

Pour avoir été curieux, Craint-il que le diable l’emporte ?

L’oiseau de Paradis :

Sommes-nous ses amis, messieurs ?

Tous, en chœur de voix rudes et franches : Oui !