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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/13

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MERCURE DE FRANCE

L’oiseau de paradis, concluant :

   Donc !... Son sort ?... Que nous importe,
   S’il nous fournit un mot heureux ; 
   Quelque bon calembour ou deux!

Tous, en chœur :

  C’est vrai, si le diable remporte, 
  Soyons hommes, que nous importe ?

Hadaly reprit, et sa voix sanglotait :

  N’écoute pas, ferme les yeux ! 
  Rejoins l’Espoir hors du seuil sombre.
  Ton amour va renaître aux cieux,
  Si ton âme en méprise l’ombre.

Chapitre XXI. Les Yeux Lord Lyonnel regardait Edison avec stupeur.

« Avez-vous vu de beaux yeux, vous-même ? « Oui, répondit lord Lyonnel, En Abyssinie. « Soit, qu’entendez-vous par de beaux yeux ? « C’est bien compliqué ce que vous demandez là ! « Compliqués, le regard, les yeux ? Certes, oui ! C’est infini même, comme toute chose, comme l’atôme, puisque tout se tient. Mais, en classifiant, en décomposant un pèu, toute question s’élucide. Tenez, en général, quand l’œil d’un homme brille (Et c’est si facile de faire briller l’œil !), les femmes disent : « Cet homme a de beaux yeux ! » Cet homme fût-il, d’ailleurs, un crétin, un Agota, un niais, attendu que le brillant des yeux a pour conséquence de faire croire à bien des femmes (et ce, jusqu’à leur en donner la sensation) que l’homme qui a des yeux brillants, sombres, etc, doit être « passionné » et possède, en cette qualité, ce qu’elles appellent du caractère. Or, quand j’aperçois ces yeux là, moi qui vois au fond, je vous assure que, transposant la couleur dans le son correspondant, il me semble, à chaque fois que cet œil jette sa facette, entendre, distinctement,